En près deux cent ans, l’augmentation de nos activités humaines s’est traduite par une exploitation de plus en plus intensive des ressources naturelles, considérés comme illimités. Nous nous sommes emparés de la Nature, et paradoxalement, nous nous sommes dissociés des éléments dont notre vie dépend.

A passé 30 ans au sein du Groupe Danone.
Président du conseil scientifique
du Think Thank PlanetA.
Cofondateur du fonds d’investissement
Livelihoods Venture.
Président-fondateur de La Bière de Groix.
Président d’Azollae, dont la mission
est de développer la production d’algues.

Jean-Pierre Rennaud

En 2021, nous avons extrait 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables, deux fois plus qu’en 1980. Nous nous sommes emparés de la Nature, et paradoxalement, nous nous sommes dissociés des éléments dont notre vie dépend.

Imaginons une prospective positive et optimiste à échéance d’une quinzaine d’années. Dans ce scénario, 80 % des maladies cardiovasculaires, 90 % des diabètes, 60 % de l’ensemble des cancers auront disparu ; les maladies humaines liées à des zoonoses auront diminués de 50%; un fruit – banane, pêche, orange… – suffira à pourvoir aux apports journaliers recommandés (AJR) en vitamine A; le continuum des chaînes alimentaires des hommes et des autres espèces sera retrouvé.

Toutes les surfaces agricoles sur l’ensemble de la planète bénéficieront d’un couvert végétal permanent ; les émissions de gaz à effet de serre auront été réduites de 50 % dans le monde. Le danger d’extinction, qui frappait jusqu’en 2020 un quart de la population mondiale de vertébrés, invertébrés et plantes, aura disparu.

La pêche responsable sera devenue une pratique majoritaire. L’utilisation de ressources en eau douce par le secteur agricole ne représentera plus qu’un tiers des ressources mondiales, contre les trois quarts aujourd’hui.

Comment l’agriculture, avec le concours de l’ensemble de la société, aura -t-elle pu rendre possible ce scénario? Quels sont les changements de perspective qui auront permis ces transformations?

Le changement de perspective de la Nature en régénérant plutôt qu’en extrayant

La terre, appauvrie par des années d’usage et d’extraction, sera à nouveau riche et nourricière ; l’utilisation d’intrants sera devenue marginale, l’auto-fertilisation une norme. L’énergie de la photosynthèse sera désormais la clé pour se nourrir, protéger les sols et s’inscrire dans tous nos modes de vie (mobilité, information…). La réutilisation des ressources sera devenue une obligation afin d’extraire le moins possible de nouvelles matières naturelles et stabiliser les écosystèmes existants.

Le changement de perspective de la valeur au-delà de la valeur économique

Une répartition économique plus juste de la valeur se sera opérée par un ajustement des prix tout au long de la chaîne de production jusqu’à l’utilisateur. Mais au regard de la faiblesse des équilibres liée au partage de la valeur économique, les échanges et les priorités se seront ouverts sur d’autres éléments qui permettront de combler l’homme, comme les talents, comme les données demandant des compétences, que l’on apprend, découvre, échange.

Le changement de perspective fait de l’alimentation notre première médecine

Le consommateur se définira par « Je suis ce que je mange » et non pas « Je suis ce que je consomme ». La nourriture et les aliments seront moins transformés, plus digestes. Chacun sera devenu « entrepreneur » de sa santé, dans une logique de prévention et d’anticipation. On ne jugera plus la santé par l’absence temporaire de maladies. La science et la médecine auront intégré les principes de santé unique pour proposer des solutions locales et territoriales adaptées à chaque environnement

Le changement de perspective de la connaissance, où l’information, le savoir et l’expérience sont au cœur du contrat social

Chaque individu, de l’enfance à la grande séniorité, aura conscience et connaissance de cette chaîne du vivant. Les nouvelles technologies et supports media auront cessé d’être les prescripteurs de notre vie. Ingénieurs, médecins, vétérinaires agriculteurs seront passés d’un schéma vicieux (analyse de données-diagnostic-standardisation de la posologie) à un schéma vertueux (croisement d’expériences-risque associé) où l’homme retrouve son autonomie d’action et ses responsabilités en s’attachant à la prévention.

Le consommateur se définira par « Je suis ce que je mange » et non pas « Je suis ce que je consomme ». La nourriture et les aliments seront moins transformés, plus digestes. Chacun sera devenu « entrepreneur » de sa santé, dans une logique de prévention et d’anticipation. On ne jugera plus la santé par l’absence temporaire de maladies. La science et la médecine auront intégré les principes de santé unique pour proposer des solutions locales et territoriales adaptées à chaque environnement.

Mieux nous relier à nos milieux vivants, c’est aussi donner l’occasion à chacun de puiser à des sources intérieures, de réviser ses priorités, de reconnaître que moins (de sur-consommation) peut être plus (pour d’autres) et mieux pour soi et pour nous collectivement).

BIOPHILIA MAGAZINE N°1 février-mars 2023

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