a nature subvient à tout. Et s’il est un végétal qui, parmi d’autres, en donne une démonstration éclatante, c’est bien le neem. Peu connu du grand public, il attire l’attention des agriculteurs, maraîchers et arboriculteurs du monde entier. Car il produit dans ses feuilles, fruits et bois des substances qui s’avèrent être de puissants biopesticides efficaces sur plus de 400 espèces d’insectes, parasites et champignons des cultures agricoles et forestières ! 

En raison de ses propriétés insecticides, nématicides, antifongiques et fertilisantes, le neem est véritablement « l’arbre aux merveilles » pour la protection des cultures et des arbres, et se révèle être un phytosanitaire naturel stupéfiant ! C’est l’huile tirée de ses graines qui contient les principes actifs les plus nombreux et les plus intéressants à cet égard. 

Son efficacité réside dans l’huile de ses graines 

Même si l’huile de neem, utilisée en Inde depuis des millénaires en cosmétologie, a toujours servi aussi, dans le sous-continent, à fabriquer du savon ou à alimenter les lampes à huile, elle est également utilisée en agriculture. Son efficacité pour la protection des cultures fait d’elle une sorte de Graal, particulièrement pour l’agriculture bio. Ses principes actifs contrarient la croissance des insectes indésirables ainsi que la ponte ou la reproduction sexuée des adultes, paralysant leur appareil digestif et exerçant une répulsion puissante du fait de leur odeur soufrée. 

Ses propriétés insecticides, nématicides, antifongiques et fertilisantes pour le sol, qui ont déjà fait l’objet de plusieurs dépôts de brevets, sont homologuées en Australie, en Nouvelle Zélande, ainsi que dans tous les pays du Pacifique, y compris en Nouvelle-Calédonie, un territoire français d’Outre-mer. Pourtant, en métropole, le ministère de l’Agriculture interdit tou-jours son usage en raison d’une prétendue toxicité ! 

Une fois les graines récoltées, elles sont décortiquées, et les amandes passent alors au pressage. On obtient de l’huile d’un côté, et des tourteaux (résidus solides après pressage) de l’autre. Ces derniers sont utilisés en tant qu’engrais naturel compatible avec l’agriculture biologique. Ils apportent du calcium, du soufre, du fer, du manganèse, du zinc, mais aussi de petites quantités d’azote, de phosphore et de potassium. 

C’est le chimiste pakistanais Salimuzzaman Siddiqui qui a conduit en 1942 les premières études scientifiques sur le neem, et a isolé trois composés amers dans l’huile extraite des graines. Puis les travaux du professeur allemand Helmut Schmutterer ont conduit à ce que la communauté internationale s’intéresse aux propriétés de cet arbre dans l’agriculture. 

La liste des insectes que traite l’huile de neem (ou la bouillie de graines entières) comprend la tordeuse, la chrysomèle, la cicadelle, le charançon, le puceron, les larves de doryphore et de mouche, entre autres. Du côté des nématodes, des vers ronds et effilés, ceux de la tomate, de la pomme de terre, de l’aubergine et du concombre ne lui résistent pas. 

Au chapitre des maladies des végétaux, la protection offerte par l’huile de neem s’étend à l’oïdium, la fusariose, le botrytis, le rhizoctone, l’alternaria et le phomopsis. 

Vous le voyez, la panoplie des bienfaits qu’offre cet arbre est extraordinaire. D’après certains spécialistes, l’exploitation de tous ses potentiels permettrait de se passer de la quasi-totalité des pesticides de synthèse, mais aussi de nombreux médicaments. C’est dire s’il y a péril en la demeure, pour les multinationales de la chimie, à laisser libre accès à un tel « phénomène ». 

Comparaison avec les produits de synthèse 

Les chercheurs béninois Saturnin Azonkpin, de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab) et Armand Paraïso, de l’Université de Parakou, ont mis en évidence l’efficacité d’un insecticide à base de neem par rapport à un produit de synthèse dans la lutte contre 3 espèces de chenilles du cotonnier. L’expérimentation a été conduite à Kandi et Savè, dans le Nord et le Centre du Bénin. 

La formulation de neem à 0,5 % d’azadirachtine a été utilisée aux doses de 2, 3 et 4 l/ha. Les applications ont été réalisées selon le programme calendaire recommandé. Au to-tal, 10 traitements ont été réalisés à l’insecticide botanique et 6 avec 3 insecticides de synthèse. Les résultats ont montré que l’insecticide à base de neem s’était montré aussi efficace que le témoin de référence. L’effet a été de 6,1% de plants attaqués pour les doses de 4 l/ha. Les rendements de coton graine sur les parcelles traitées à l’extrait de neem ont été supérieurs à ceux des autres. 

L’exemple des femmes burkinabè 

Au Burkina Faso, dans la coto-culture, la mauvaise utilisation des pesticides et fongicides de synthèse mène à de graves atteintes à l’environnement et à la santé humaine et animale. Les fûts entreposés contenant des restes de produits rouillent et leur contenu se répand dans la terre, la souillant et contaminant la nappe phréatique. Les cotoculteurs tombent malades, et le petit bétail qui picore ou broute dans les rangs de coton crève empoisonné. 

Heureusement, avec le neem, les femmes ont trouvé la solution. Il leur suffit de faire macérer des feuilles dans de l’eau pendant trois semaines, et le tour est joué ! Elles obtiennent un biopesticide gratuite, efficace et inoffensif pour la terre, l’eau, les animaux et les hommes, qu’il leur suffira de pulvériser sur les plants de coton.

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