Parmi des centaines de pesticides industriels à base de neem disponibles dans le commerce, celui-ci, fabriqué en Australie. 

endant des siècles, le secret a été jalousement gardé, mais à l’ère d’Internet, il était impossible qu’un tel trésor demeure caché plus long-temps. 

Pour preuve, le neem a été déclaré « Arbre du XXIe siècle » par les Nations unies, tandis que la Natio-nal Academy of Sciences américaine a publié en 1992 un rapport intitulé « Neem : un arbre pour résoudre les problèmes mondiaux ». 

Les travaux de Salimuzzaman Siddiqui, le tout premier à avoir isolé il y a 80 ans trois composés amers de l’huile de graines de neem et à avoir confirmé scientifiquement ses propriétés, ont ouvert la voie à d’autres recherches, et des dizaines d’autres composés ont été isolés par la suite. Ces découvertes ont attiré l’attention de certains acteurs économiques privés, notamment aux Etats-Unis. 

Si les grandes firmes de la chimie, de l’agro-industrie et de la pharmaceutique son très intéressées par le neem, ainsi que par d’autres espèces dont elles aimeraient s’arroger l’exclusivité, elles sont beaucoup plus frileuses à l’idée de le démocratiser. 

Quand on considère ses multiples potentialités thérapeutiques, on serait en droit d’espérer la disparition pure et simple d’une grande part des pesticides, antibiotiques et autres médicaments qui font la fortune de ceux qui les fabriquent. 

L’appétit insatiable des multinationales 

Leur volonté de « privatiser » le neem, de le breveter, ne date pas d’hier. Au cours des années 1990, plusieurs dizaines de brevets relatifs à des composants du neem ont été déposés par des firmes comme Rohm and Haas et W.R. Grace, deux géants de la chimie. 

Ce dernier achetait depuis plusieurs années la quasi-totalité des graines de neem disponibles sur le marché mondial pour l’élaboration d’une matière active incorporée à des pesticides agricoles. La firme faisait grimper les cours, ce qui rendait l’huile de neem inaccessibles aux petits producteurs, incapables de payer des traitements phytosanitaires de synthèse pour leurs cultures. 

Mais le répercussions touchent aussi l’Europe. En France, les producteurs bio dépendent aussi de l’huile de neem pour lutter, par exemple, contre le puceron ou le ver de la cerise. C’est tout le modèle économique de certaines productions bio qui repose sur la possibilité de recourir à de telles préparations naturelles. 

En Allemagne et dans d’autres pays européens, ces préparations font l’objet d’une réglementation spécifique. Pas en France, où les autorités se préoccupent davantage de leur toxicité illusoire que de celle, pourtant densément documentée, des pesticides de synthèse. 

Le combat victorieux de Vandana Shiva 

En 2000, une coalition internationale rassemblant la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique, la ministre belge de l’Environnement de l’époque et la scientifique indienne Vandana Shiva (cf. N°1 de Biophi-lia Magazine), soutenue par une pétition réunissant 500 000 signatures de paysans indiens, a déposé un recours devant les service des contentieux de l’Office européen des brevets à Munich, en Allemagne, pour réclamer l’annulation d’un brevet sur un composé anti-fongique extrait des graines de neem, qui avait été déposé en 1990 par le Département de l’agriculture des Etats-Unis et la multinationale W.R. Grace

« Comment le gouvernement américain et la firme W.R. Grace peuvent-ils prétendre avoir inventé quelque chose qui est du domaine public depuis des siècles et étudié scientifiquement depuis plusieurs décennies ? », se demandait Vandana Shiva. 

Deux jours d’auditions suffirent à l’Office européen des brevets pour annuler celui qu’il avait accordé cinq ans auparavant à la firme W.R. Grace, mais il a encore fallu cinq années supplémentaires de coûteuses procédure pour faire confirmer cette annulation en appel en mars 2005 ! 

Une belle victoire malgré tout.

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