« Holistique » et « inclusif » sont deux mots pour dire que nous faisons partie d’un tout, et qu’une difficulté spécifique, qu’elle soit d’ordre psychique, organisationnelle, alimentaire, parentale ou sociétale, est une fissure de l’éco-système qui l’englobe. Par conséquent, la solution doit prendre en compte le global pour répondre à un désordre localisé. 

Par exemple, si j’ai mal au genou, je dois prendre en compte que celui-ci fait partie de l’ensemble de mon corps physique qui, lui, est en relation avec d’autres de mes corps qui ont une intelligence propre, d’ordre émotionnel, mental, spirituel (que l’on soit croyant ou pas)… 

Ces corps, qui composent l’individu, sont vivants et interdépendants, présents sur un territoire géographique, le lieu d’habitation, et interagissent avec l’environnement social, économique, culturel, naturel… 

S’agissant de l’environnement naturel, la liste est longue, et nombreuses sont les cultures dans le monde qui considèrent l’océan, la terre, les volcans, les montagnes, et même notre habitat, comme des êtres doués d’une intelligence qui leur est propre. 

Souvent, ces populations se trouvent tiraillées, car elles épousent encore un mode de vie traditionnel tout en étant soumises à des règles internationales, y compris de développement, qui ne leur correspondent pas et ne valorisent pas les leurs. Heureusement que ces communautés existent encore, car elles vont sûrement nous être utiles en termes de savoir-faire dans le monde du présent. 

Car nous n’avons plus le luxe de nous projeter dans le futur. Il est peut-être encore temps, en coopération avec elles, d’envisager un changement de paradigmes et de reconnaître la vie qui habite les éléments de la nature et autres règnes, pour voir peut-être le monde se transformer et les êtres humains s’épanouir. 

Ceci nous ramène à l’écologie de l’être, l’être de l’humain, le « ser » en espagnol, où le verbe « être » prend deux sens différents : « ser », l’être essentiel, et « estar », qui indique une situation géographique. Autrement dit, ma géolocalisation ne qualifie pas mon être, ni ne le contraint Cependant, elle l’influence, tout comme l’environnement dans lequel j’évolue m’influence. Partons alors du postulat que notre environnement est vivant et qu’il est peuplé d’êtres invisibles. 

En Afrique 

Sophie Ékoué*, journaliste, autrice de Sagesses d’Afrique (Hachette, 2016), nous parle des esprits de la nature 

« Dans les religions africaines, les esprits jouent un rôle très important. Les hommes pensent que Dieu est trop lointain, et impartial. C’est pour cette raison que le peuple se tourne vers les esprits pour leur formuler ses demandes. 

Il existe deux sortes d’esprits : ceux qui ne sont pas d’origine humaine et ceux qui, après avoir été des humains, sont devenus des “esprits ancestraux” sous la bénédiction de Dieu. Les esprits représentent les multiples facettes de la création de Dieu, à la fois unique et pluriel par ses actions. 

Les esprits d’origine non humai-ne sont souvent en rapport avec des lieux naturels, par exemple les esprits des bois ou les esprits de la mer. Au Kenya, l’un des esprits les plus actifs et les plus proches, pour le peuple Luo, est Mumbo, l’esprit du lac (les Luo habitent depuis longtemps sur les rives du lac Victoria). Chez les Dogon du Mali, l’esprit de l’eau, Nommo, est considéré comme le père de l’humanité, celui qui a enseigné aux hommes l’art d’utiliser le feu et les outils. 

Les esprits de la nature n’ont pas forcément de personnalité bien définie. Ils sont les gardiens du territoire sur lequel vit une population avec laquelle ils établissent des relations sociales complexes. D’autres sont identifiés avec des phénomènes naturels, comme l’esprit du tonnerre, l’esprit du vent, l’esprit de la tempête, de la pluie… 

Toutes ces entités spirituelles sont des êtres créés par Dieu et plus puissants que les êtres humains. Dans certains cas, elles sont amicales et bien disposées envers les humains ; dans d’autres, elles peuvent se montrer hostiles. Certaines interviennent rarement, d’autres sont omniprésentes dans la vie quotidienne. Certaines voyagent beaucoup, d’autres sont sédentaires. Certaines entrent en contact avec les hommes à l’occasion d’états de transe ou de possession. 

Quelquefois même, des familles d’esprits s’emparent périodiquement d’une personne et lui dictent son action pour le bien du clan ou de la communauté tout entière. Il en est ainsi des esprits Bori chez les Haoussa du Niger, ou des esprits Bisimba chez les Zéla du Zaïre. 

Pour la spiritualité africaine, dans chaque élément de la création se trouve une parcelle divine. C’est la raison pour laquelle les Africains portent un grand respect à la nature et aux êtres vivants. Une action volontairement destructrice envers un élément ou un être de la création revient à remettre en cause son essence divine. Et pour maintenir l’équilibre de la société, il faut s’assurer de la bienveillance des esprits. C’est pour cette raison que les hommes remercient les animaux qu’ils s’apprêtent à tuer et qu’ils font des offrandes à la nature ». 

En Islande, l’École des Elfes 

Courrier International ** a consacré un article à l’Ecole des elfes, qui fait l’objet d’une communication abondante. 

« Les elfes sont petits ; ils mesurent à peine plus d’un mètre de haut. Et bien qu’ils possèdent de grandes oreilles et portent des vêtements désuets, ils ne surmontent pas leurs têtes de chapeaux pointus ». 

Nous pouvons apprendre tout cela en faisant une « marche elfique » à Hafnarfjörður, une ville portuaire islandaise près de Reykjavík, réputée pour être la capitale des Elfes. Oui. Des elfes. 54 % des Islandais croient en leur existence ou disent qu’il est possible qu’ils existent. 

Des routes ont été déviées près des blocs rocheux où les elfes, álfar en islandais, sont supposés vivre. Un ancien membre du Parlement islandais jure même qu’il a été sauvé d’un accident de voiture par une famille d’elfes. (…) 

Les fêtes sont généralement une période de l’année propice pour les apercevoir. A Noël et au Jour de l’An, ils sortent à la recherche d’un nouveau foyer. Les promenades se font souvent du côté d’Hamarinn, la falaise où les rois et reines elfiques officient, paraît-il, et du parc d’Hellis- gerði, une coulée de lave solidifiée que les elfes trouvent particulièrement à leur goût. En décembre, les visiteurs peuvent se laisser envahir par l’esprit de Noël au marché du centre-ville. 

Vous voulez en apprendre plus ? Inscrivez-vous à l’école des Elfes de Reykjavik, où pendant trois à quatre heures de cours, vous pourrez faire le plein de manuels, thés et biscuits, et obtiendrez un diplôme d’Elfe. A ce jour, 8 000 personnes ont terminé leurs études dans l’établissement et ont décroché le diplôme en « Etudes et recherches sur les elfes et autres peuples invisibles ». 

Selon le directeur de l’Ecole des Elfes, « l’existence de ces créatures, des extraterrestres et d’une vie après la mort n’a jamais été prouvée. Mais c’est la même chose avec Dieu : personne n’a prouvé son existence ». 

La communauté de Findhorn en Ecosse 

Construit avec les êtres de la nature et reconnu par l’Onu, l’écovillage de Findhorn attire 15 000 personnes par an. 

A partir de 1962, le nom de Findhorn résonne comme un mot magique dans tout le monde occidental. Dans une lande isolée au nord-est de l’Ecosse, une poignée de personnes fait jaillir de terre un jardin magnifique, des fleurs et des légumes extraordinaires défiant toutes les lois agronomiques ! Aucune explication rationnelle… 

Peter et Eileen Caddy***, ainsi que Dorothy Maclean sont ces pionniers qui découvrent les dimensions subtiles de la nature ; ils sont guidés dans leur tout nouvel art du jardinage par les intelligences subtiles de la nature. Commence alors une fascinante coopération au fil de messages d’une beauté et d’une profondeur bouleversantes. Et les résultats interpellent et continuent de nous interpeller 60 ans plus tard : notre vision de la nature est terriblement réductrice, matérialiste, elle évacue des millénaires de sagesse populaire et bien des dimensions… 

Coopérer avec les esprits de la nature et les dévas 

Sur des dunes de sable stériles balayées par les vents, les plus merveilleuses plantes et fleurs, les plus extraordinaires arbres et légumes ont pu pousser. Le livre d’Alan Watson Featherstone raconte l’histoire de sa naissance, comment Peter Caddy et ses collaborateurs ont découvert la manière de contacter les esprits de la nature et les dévas, et de coopérer avec eux. 

Même les plus sceptiques sont incapables d’expliquer ce fait. Les meilleurs experts agronomes ont déclaré que dans les premières années, ni le compost, ni les méthodes de culture biologique seuls n’auraient pu permettre d’obtenir ces résultats sensationnels. Aucun engrais chimique n’a jamais été utilisé, et le terrain était aussi stérile et peu productif que possible. Il devait y avoir un autre facteur. 

Ce jardin est un défi et une immense source d’espoir. Si un groupe de personnes a obtenu ces résultats, d’autres aussi peuvent suivre cet exemple. En cette époque de famine menaçante, ceci montre une nouvelle façon de rendre la terre plus prospère. 

Mais cet exemple dépasse de loin celui d’un moyen pratique d’obtenir des légumes plus gros et de meilleure qualité. Il s’agit d’une vision, et, sans vision, nous le savons, les êtres humains périssent. 

L’existence des dévas et des élémentaux est bien sûr reconnue et rapportée par de nombreux mystiques et clairvoyants, comme par exemple les populations celtes de l’Europe de l’Ouest, qui voient encore aujourd’hui « le petit peuple ». 

Ce que Findhorn a accompli par un contact direct et conscient a cependant une signification profonde. Cela démontre de manière tout à fait concrète que la croissance végétale n’est pas seulement un processus mécanique. Il semble que des myriades d’êtres vivants et intelligents sont au travail à l’intérieur des racines, des feuilles et des fleurs… 

Une perspective person-nelle et planétaire 

Plus de 60 ans se sont écoulés depuis les débuts de la Communauté de Findhorn et de ce travail pionnier de co-création avec la Nature. 

Depuis, la communauté s’est considérablement élargie et diversifiée et compte aujourd’hui 300 à 400 personnes, ainsi que de multiples projets, initiatives et associations. Cependant, les principes fondamentaux restent les mêmes et sont le ciment qui maintient soudée cette communauté diversifiée. 

De la maison de Bilbo le Hobbit aux panneaux solaires en toiture, tous les styles d’auto-construction cohabitent à Findhorn ! 

Se laisser guider par la présence de l’esprit et générer de l’amour dans l’action sont deux principes appliqués dans la culture du jardin et dans la multitude d’activités proposées. Ainsi, les membres de la Communauté font chacun partie de l’expérience en cours : créer un modèle de nouvelle culture basé sur des valeurs spirituelles et un respect renouvelé pour la Terre et toute vie. 

La nécessité de cette nouvelle culture est devenue encore plus évidente au fil des décennies. Pourtant, l’augmentation de la consommation matérielle constatée au XXe siècle, et l’érosion de la biodiversité sur la planète se poursuivent de plus belle au cours de ce nouveau millénaire. Un nombre croissant de personnes reconnaît qu’un changement fondamental et radical est impératif si nous voulons survivre aux multiples crises auxquelles l’humanité est confrontée. C’est aussi la condition pour établir une culture réellement durable qui permettrait à l’humanité et à autre vie de s’épanouir. 

Quelle est donc la pertinence du travail en coopération avec la Nature à Findhorn, et que peut-il offrir aujourd’hui, en réponse à ces problèmes, au niveau personnel et planétaire ? Chaque année, des milliers de visiteurs qui prennent part à des ateliers pédagogiques à Findhorn cherchent des réponses à des questions intimes et profondes concernant leur propre vie, mais aussi des façons d’être plus efficaces, d’apporter un changement positif dans le monde, attirés principalement par le travail de co-création avec la Nature. 

Une seconde communauté, recevant 15 000 personnes par an, s’est donc créée, développant des activités de formation et de recherche, jusqu’à être comme « ONG associée » par lʼOnu en 1997 avec comme mission d’implémenter l’Agenda 21. Elle a mené des travaux de reforestation considérables, gagné son autonomie énergétique, construit en éco-habitat, réduit son empreinte écologique, ces réalisations permettant d’ajouter un nouveau chapitre au grand livre de Findhorn. 

Ancienne journaliste à TV5 Monde Africa N1, Sophie Ekoué a animé pendant près de 20 ans sur Radio France internationale des magazines de société, des reportages culturels et le magazine littéraire hebdomadaire « Littérature sans frontières ». 

** Courrier international 

*** Eileen Caddy est l’auteur de La petite voix, un livre célèbre dans le monde entier. 

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